Virginia

[TW // Death // Suicide]

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Cet après-midi-là, Virginia était au-delà de la tristesse.

La veille, elle était allée au phare en barque, bercée par la rumeur des vagues qu’elle aimait tant.

Et puis, après le thé, elle avait eu envie de parcourir le jardin, de sentir le parfum des dernières roses qui s’attardaient dans les massifs, elle avait longuement humé une rose rouge, adossée contre le pâlis chauffé par les rayons du soleil déclinant, kaléidoscope de sensations éparses qu’elle cherchait à retenir, ne fût-ce qu’un bref instant.

Un petit tour vers la mare?

Non, elle était déjà dans l’ombre, plate et froide. Plutôt retourner au rivage.

Virginia descendit le petit sentier qui menait à la plage. Le bruit du ressac lui rappelait la dernière promenade avec Vita, elle croyait encore l’entendre déambuler auprès d’elle entretenant une conversation animée…Vita qui lui manquait, Vita qui l’avait trahie, Vita qui répondait si mal à son amour.

Elle se revit dans la petite pièce qui lui servait de bureau, la seule qu’elle avait réussi à gagner de haute lutte, son sanctuaire, le seul espace qui lui appartînt en propre dans cette si grande maison où, somme toute, elle n’était rien d’autre qu’une étrangère en transit qui ne possédait rien.

C’est sur sa petite table qu’elle avait décacheté la dernière lettre de Vita qui annonçait son départ pour la France, pour une durée indéterminée, tranchant ainsi le seul lien qui la rattachait encore au désir de vivre.

Virginia marchait lentement, ses bottines griffées par les grains de sable.

Allons, en finir!

Elle se déshabilla posément, pliant méthodiquement ses vêtements en une pile régulière et, les cheveux défaits, s’avança vers l’océan.

A présent, elle allait nager jusqu’à l’horizon.

Alix.

Atelier d’écriture féministe Langue de Lutte #QueersNotDead