“Regarde notre colère désenchantée.
Son essence décrystalisée qui dégouline de fiel.
Son architecture brûlante et tremblante, aux ramifications autrefois fleuries devenues couronne d’épines.
La colère désenchantée ne craint pas la lame, elle brise la roche qui l’emprisonne et la laisse tailler ce qu’elle veut. Elle ne se tranche pas, elle se duplique, schéma runique qui s’illumine et s’anime dans le cœur de tous les mages déchus. Elle renverse les citadelles qui flottent derrière les nuages, les manipule pour ériger des égides et forger des firmaments où il y a de la place pour tout, où les arc-en -ciel ruissellent sur un fond iridescent et chromatique.
La colère désenchantée c’est les fragments d’un monde magique qui s’est renversé, une équation inadéquate à un million d’inconnues, c’est la grâce virulente et chatoyante d’une archimage devenue sorcière sauvage, qui d’un oiseau dérobé une plume.
Si la colère désenchantée bouillonne c’est parce qu’à la source, la magie s’est tarie. On la ré-invoquera nous même via des portails fissurés et instables qui crachent des étincelles de révolte. Et sur les murs on peindra le futur qu’on désire avec de l’encre arcanique, celle qui brille dans le noir, celle qui coule de nos yeux, dans notre dos et dans nos veines.”
Texte d’Ana Midi