poème collectif
Il reste la chaleur des cuisses de l’ami·e quand la nuit devient fraîche et humide
Il reste les œufs brouillés au cumin et la certitude, chaque matin, que je sais au moins faire une chose bien
Il reste les solos de guitare électrique, les percussions, les synthés
Il reste la lune presque toutes les nuits qui nous dit que tout change
Il reste tes fesses contre mon ventre quand je m’endors
Il reste le café qui hurle pour sortir
Il reste voir l’amour rougir les joues
Il reste la danse irréfléchie et les matins trop vite venus
Il reste les graines des roses trémières qui fleuriront bientôt dans chaque fissure de nos bétons
Il reste ta cheminée, des sacs entiers de feuilles mortes à faire cramer
Il reste les odeurs après la pluie, la texture douce et glissante de la boue
Il reste la pluie et il reste un toit qui tinte au-dessus de nos têtes
Il reste sur mes chaussures préférées des tâches de la nuit où je t’ai rencontré
Il reste au fond de mon cœur la conviction que le monde va exploser
Il reste beaucoup de nuits, beaucoup de brises d’été, beaucoup de vapeurs de café
Il reste la joie quand je me dis que toustes celleux que j’aime et qui ont été si proche de mourir ne sont pas parti·es avant que je les ai connu·es
Il reste mon poignet qui restera toujours sans montre
Il reste l’odeur des pins, l’odeur du pin et celle des embruns
Il reste quand tu retire tes bagues
© Cha Toublanc
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il reste l’écriture sur le téléphone sur un carnet sur les murs
il reste tes yeux dans le silence
il reste la beauté de la poésie des autres
il reste la démission et les décisions déraisonnables
il reste les chats croisés par hasard
il reste les grains de peau qu’on découvre la nuit
il reste la plante qui survit quand on oublie de l’arroser
il reste les nouveaux mots qu’on découvre et qu’on adopte
il reste les rires stupides avec les amix éternel.le.s
il reste les larmes qui soulagent quand on ne s’y attend pas
il reste la force des femmes âgées
il reste la tendresse qui surgit quand on en a besoin
il reste les vieux pulls que l’on se transmet
il reste l’odeur des peaux que l’on a aimées
il reste la trace du verre de vin sur la table basse après ton passage
il reste ce qu’il reste des discussions profondes
il reste ce qu’on sauve de l’oubli
il reste le café froid qu’on boit tout de même
il reste les gestes qui réconfortent
il reste tant que je ne sais plus
ce qui a disparu
© Elo
inspiré du poème d’Edith R. “Heureusement qu’il reste les jeux, les crêpes, les copaines et la mer” https://fourretoujours.wixsite.com/website/post/a-nos-enveloppes-contradictoires