Paris, je te vis la nuit.

Langue de lutte
1 min readNov 25, 2020

Est-ce que la ville te manque ? Est-ce que Paris te manque ? Elle m’a demandé ça tout à l’heure. Je n’ai pas répondu, je ne sais pas. J’avais le vertige en me réveillant ce matin, la nausée d’un lendemain de cuite. Comme si le corps s’était rappelé ce qu’un samedi matin était normalement pour lui : le mal de tête, le « Je ne vais pas y arriver », la fatigue, la lassitude. Mais les vendredis soir ne nous abîment plus depuis longtemps.

C’est étourdissant de réaliser qu’on s’habitue à tout. On nous interdit de sortir, on nous interdit d’aller en club, on nous interdit de se regrouper, on nous interdit de boire, de dîner, de rigoler, de danser, de crier, de postillonner. On finit par renoncer. A-t-on vraiment le choix ? C’est fatiguant de se rebeller, surtout quand il n’y a pas d’ennemi. Ces renoncements ont aspiré nos énergies vitales, celles qui se rechargent seulement lorsque le soleil se couche.

Paris, je te vis la nuit. Quand on use le bitume en meute, quand on tape du pied dans des salles noires, quand on rit à s’en décrocher la mâchoire, quand on enchaîne les Vodka Maté, quand on piste les tentations à chaque coin de bar, quand on suit des inconnue-s, quand on danse les bras en l’air, quand on tortille nos culs, quand on danse collées serrées avec tes ombres.

Paris t’es comme mon ex, je t’oublie trop vite, j’en deviens mélancolique.

Maï D.

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Les textes de ce blog ont été créés lors d’ateliers d’écriture, en non mixité queer et féministe. Plus d’informations sur : www.facebook.com/languedelutte