nilem_the_witch
Paillettes :
— — — — — — — -
Pour nous punir, ils disent : vous êtes anormaux. Vous êtes contre nature. Vous en faites trop. Vous en voulez trop. Vous voulez tout détruire.
En sous-texte, ils ont peur.
Peur de notre pouvoir de briller dans leur monde terni, de leur foutre des paillettes dans les yeux. Peur que les chimères auxquelles ils croient encore ne se dissolvent sous leur yeux. Peur que nos existences fassent voler en éclat le château de cartes sur lequel ils ont bâti les murs de leur prison.
Car ils le voient bien, lorsque que nous défilons dans la rue, lorsque nous nous tenons la main, lorsque nous créons, à quel point nous brillons. Ils voudraient nous remettre dans le placard et condamner la porte, pour faire comme si nous n’avions jamais existé. Mais les paillettes sont comme le sable : elles s’infiltrent partout et persistent.
Ils ont envie de nous cacher. Mais la vie ne pourrait pas fonctionner sans nous.
— — — — — — — — —
Rages :
Elle fait une moue, embêtée, lorsque je lui demande de me genrer au masculin. “Oh la je vais me tromper, c’est sûr, faudra pas m’en vouloir. “
Je lui répond : “Oh tu sais, je comprends, je ne t’en voudrais pas, ne t’en fais pas” . Intérieurement une autre voix, la mienne, gueule. Bah vas y, dis le si je t’emmerde avec ma vulnérabilité, t’es tranquille avec ton aveu de je-m’en-foutisme.
Comme à mes 70 autres collègues, quand je fais mes très, très nombreux coming out, il faut la rassurer.
Un autre m’avait dit, avec la même expression de gêne : « Qu’est-ce que tu veux que je fasse de ça ? »
Oh juste que tu m’écoutes. Mais connard, que tu t’appliques en fait.
« Mais il faut que tu changes de prénom ! Le tiens fini en a, ça va pas ».
Oh tu sais, j’aime bien mon prénom, il veut dire miel en grec. Mais mêle toi de ton cul en fait, Nicolas ça fini en a et personne les fait chier ? Je ne vais pas changer un truc que j’aime pour rentrer dans vos cases cis-normatives.
Si je leur disais, ma colère serait inaudible.
« Faut pas aller contre la nature quand-même. »
Mais pourquoi tu dis ça ? Et ta connerie elle est naturelle ?
« Ah mais même si un jour t’as de la barbe et une voix grave je me tromperai encore ».
Mais non ne dis pas ça, je suis sur que tu t’habitueras. J’ai bien capté ton refus et tu sais quoi ? Va bien te faire foutre.
