Atelier Libertés
Exercice : Du plus loin que je puisse me rappeler, je crois que je ne me suis jamais sentie complètement libre de…
Du plus loin que je puisse me rappeler, je crois que je ne me suis jamais sentie complètement libre de rêver un monde meilleur. Il y a toujours quelqu’un pour me tabasser de ses idées, de ses rappels, de sa réalité. « Tu rêves, ma pauvre », « L’homme — l’homme, jamais l’humain — n’est pas fait pour ça, l’homme est foncièrement égoïste », ou le simple « ça ne marchera jamais » si fatigué, si désenchanté… Et j’en ai tant vu. De celleux qui hurlent, de celleux qui piétinent tout par malheur. Je m’accroche désespéramment à cette idée que si personne n’a à s’inquiéter de manger, d’où dormir, de comment se couvrir, alors on peut commencer à construire.
Et là, alors que le monde est mort, je me dis que c’est le moment. Le moment de faire péter les murs, faire péter les mots qui me disaient que c’était trop demander trop rêver.
C’était sans compter les murs des autres. Comment je les défonce ceux-là ? Comment je les convainc qu’il n’y a pas de raison d’avoir peur, pas de raison de craindre qu’on te voler-malmener-piller-violenter-briser cette fois-ci.
Comment faire table-rase.
Et j’ai peur de me rendre compte que même dans ce nouveau monde, je ne suis toujours pas libre de rêver, toujours pas libre d’y penser. Parce que je me heurte à ton mur Baba, je me heurte à ton putain de mur dressé comme la plus haute, la plus longue des murailles. Il y a des jours où j’ai l’impression de l’égratigner un peu, d’en affaiblir les constructions. Et puis il y a des jours où je me pète encore les dents dessus, où ton mur là, me renvoie un « mais tu rêves ma pauvre ». Il y a des jours où je sais que tu m’as appelée Aube parce que je suis ton espoir brillant dans le noir, dans le nuit complète que sont ta vie et ton avenir. Et il y a des fois où je me dis que c’était juste une nouvelle manière pour toi de te foutre de ma gueule, de m’éclater la tête contre la muraille, jusqu’à me mettre à terre et tapoter ma tête du bout de ton pied.
Alors dis-moi Baba, maintenant que tu m’as foutue une nouvelle fois à terre, dis-moi, tu proposes quoi ?
Exercice : « Je veux être libre » / « Ma liberté n’est pas »
Je veux être libre
de marcher d’aller parcourir
Je veux être libre
de rêver hurler agrandir
Je veux être libre
de piétiner terrasser détenir
le monde
Je veux être libre
mais pour ça j’ai besoin de déchirer
mon corps mes pensées tes oreilles
de mes cris
Je veux être libre
mais pour ça il faut me laisser
les gens la place le temps
Je veux être libre
mais je crois que je n’y arriverai pas
sans d’abord casser briser détruire
tout ce qui a été dressé pour me contenir
Je veux être ivre
de force de puissance de colère
Je veux être libre
de plonger mes mains
dans le sang dans la terre dans les tiennes
Je veux être libre
de déchirer agrandir rapiécer le monde
Je veux être ivre
Je veux être libre
Je veux être
Je veux
Je