Assise au café
noircir du papier pour trouver la nuit
au sens de
la face cachée des choses comme celle de la Lune
au sens de
le côté du miroir où la lumière s’oublie
au sens de
l’envers de l’écran de tout ce que je projette sur le monde
au sens de
une vérité mienne, à l’ombre, assoupie.
À côté du papier, à portée de lèvres
le café noir que je bois comme je bois la nuit
au sens de
la chaleur amère des rêves indécis
au sens de
les cauchemars ont un goût qui nous rebute quand on est enfants
mais auquel, adulte, on finit par s’habituer
au sens de
il faut parfois se brûler la gorge pour faire sortir le cri qui y est coincé
au sens de
je bois la nuit pour éviter le vomir le jour
au sens de
je ne mets pas de sucre mais parfois j’y mets du miel, avec lui.
Parfois, en réponse au soleil
je ferme mes yeux comme un rideau rouge
je veux dire
le sang de mes paupières tamise tout ce qui bouge
je veux dire
ma peau suffit parfois à projeter mes mots
je veux dire
une fausse nuit suffit parfois à protéger mes mots.
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Claire DG
insta : @clairettedg