Amouritiés
1.
assis au bord du ruisseau, nos mots ruissellent comme le cours de l’eau
tu es à cours d’anecdotes alors G. prend le relais
il avait froid alors, je lui ai donné ma serviette, mais maintenant c’est moi qui ai froid
c’est pas grave
c’est un soir de juillet et on est dans un camping dans les Cévennes
demain, on va se réveiller tous à des moments différents
et on va s’aimer avec nos yeux encore semi-fermés par le sommeil
C. va me dire combien il tient à moi en préparant le café
C. va me serrer fort dans ses bras pour aucune raison
et moi je vais couper des légumes et cuisiner pour tout le monde
je vais ensuite bien présenter les assiettes parce qu’on mange d’abord avec les yeux
leurs yeux à ces trois trésors, je les aime particulièrement
surtout quand on dépose nos secrets ensemble
au bord de la rivière la nuit, quand le camping est endormi
on regarde les étoiles et on se dit qu’on se comprend
on laisse parler l’autre, même après le silence
le silence n’indique pas forcément la fin d’une phrase
ces trois perles que sont ses amis, font partie du même bracelet
la douceur des copaines, panse les plaies
comme un baume à lèvres abîmées
2.
tu es ma sœur
tu cueilles chaque petites larmes qui s’échappe de mes yeux
tu me serres dans tes bras et tu me gardes longtemps
tu es ma sœur
quand je parle tu m’écoutes et c’est rare
tu retiens les mots que je dépose dans ton oreille attentive
et comme une archéologue, tu les examine pour essayer de les comprendre
tu es ma sœur
quand tu me dis que je te manque et que ta sincérité transpire
tes yeux brillent et disent que c’est vrai
et ça me touche en plein cœur
quand tu viens chez moi
j’ai l’impression qu’on me rapporte la pièce manquante du puzzle
quand te dis que je vais bien, tu sais si je mens
parce que tu connais la tonalité du mensonge qui veut esquiver les sujets difficiles
tu es la sœur
que j’aurais voulu avoir quand j’étais enfant
celle qui m’aurait défendu dans la cour de récré
merci de faire cette longue randonnée qu’est la vie à mes côtés
et de plonger avec moi même quand l’eau est glaciale
merci de te faire du souci quand je nage jusqu’à la bouée
et que tu ne sais plus si c’est mon bras qui dépasse ou bien une vague
ma sœur
à toutes les étapes de nos vies s’est suivi•es
tu connais mes fleurs préférées et tous mes tocs
tu sais ce que je vais faire avant que je le sache
et tu me dis de ne pas le faire avant que je te demande si c’est une bonne idée
tu as connu T., N., L., qui ont toutes été les “femmes de ma vie”
et tu l’as presque cru autant que moi
tu prends le train pour venir me voir
avant que je ne te dise que j’en ai besoin, merci pour ça
je t’aime depuis 10 ans, nous deux c’est une longue histoire d’amitié
moi, je connais les notes de ton rire et celles de ton angoisse
j’étais sur ton canapé, assis à côté de ta tristesse
toi, tu m’as fait à manger quand je ne pouvais plus
j’ai hâte ma sœur
des prochaines histoires qu’on se racontera
entre deux gorgées de bières
et de celles qu’on vivra
tu es là toujours
dans une chanson, un rire ou un souvenir
3.
La seule règle ici, c’est qu’il n’y en a pas.
texte de Noa