A Porte d’Orléans

Langue de lutte
2 min readNov 7, 2023

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A Porte d’Orléans c’est un chemin de croix qui ne dit pas sa forme de croix. Là où le pèlerins abandonnent,
s’abandonnent à la vitesse à l’impatience qui klaxonne et frappe contre les parois des tympans
Ils se heurtent aux phares qui se battent pour savoir qui sera le plus lumineux
Depuis les capos les motos les pare brises il y a des nuées grises qui réchauffent les brumes trop mornes de la nuit — pollution visuelle, sonore et lumineuse
sans elle ce serait pas vivant.
L’odeur donne des hauts le cœur mais certains s’en délectent dans un geste subversif : ils reniflent, hument, déploient leur palais, montrent leur glotte pour mieux sentir leur langue qui se dissipe. Puis ils se frottent les yeux quand ils découvrent
le périph’ qu’ils voudraient ignorer, un piège qui veut nous inciter à aller plus loin mais qui nous renvoie toujours des mètres en arrière, c’est un ressort dont on ne sort jamais. On ne peut pas s’extraire de la ville il faut avancer dans la ville, la spirale
Se laisser aspirer par la densité quand le feu devient vert et qu’on ne peut pas désobéir car derrière il y a le tram des BMW des trottinettes électriques qui nous rouleraient bien dessus.
Entendre et regarder la menace
Rester captif.
Cet amalgame de métal ce n’est pas Orléans, mais plutôt Bastille qui se laisse prendre. Paris qui nous engloutit mais qui ne sera jamais rassasiée, qui va vomir tous ses enfants dans le périphérique.
Les enfants grandiront peut-être, et quand ils verront leur moelle épinière s’étendre, ils voudront faire pousser des grandes barres en acier depuis toutes les terres qu’ils trouveront. Ils vont faire sauter des racines, les imber d’huile, creuseront des tunnels, vont faire couler de la chaux et miner plein de trucs. Ils vont aimer Paris jusqu’à la reconstruire sans cesse, l’étaler partout. L’Homme Nouveau des Villes Nouvelles n’a pas d’autre choix que d’aimer Paris, toutes les routes y mènent, chaque mouvement est un échafaudage de plus. Quand on aime Paris on aime toutes les villes, on choisit la spirale, on s’y engouffre avec joie, on la cherche. On aime avec elle. Dans des élans de frénésie épidermique, on se dit qu’on veut rien faire d’autre que rouler.

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Langue de lutte

Les textes de ce blog ont été créés lors d’ateliers d’écriture, en non mixité queer et féministe. Plus d’informations sur : www.facebook.com/languedelutte