Écrire comme on parle

Langue de lutte
1 min readOct 7

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Florence Rivières

silence. c’est le silence dans ma tête parce que je pense déjà à après, quand il faudra parler. et je n’arrive pas à décider — vaut-il mieux parler pour ne rien dire ou l’éviter à tout prix ? quels mots me mettent en sécurité ? à quel endroit, les mots-doudous ? et s’ils sont doux ? est-ce que cela m’évite de m’y casser la figure ou est-ce que ce sera comme marcher sur un coussin si mou qu’on s’y tord la cheville ? j’hésite avant de savoir par où j’oscille.

je n’ai jamais rencontré de mots sur lesquels me tenir droit·e, on m’a dit entraîne-toi mais je ne veux pas dresser ma bouche au parler lisse des adultes, on m’a dit entraîne-toi quand même, humecter, muscler, assouplir, exercices d’articulation,

A, E, I, O, U,

bouche en canard et sourire de Joker, ronds de langue et on répète. je ne veux pas dresser ma bouche parce que tout rebondit déjà sous mon crâne, ça se gonfle comme une méningite et je peux même inviter des gens là-dessous, c’est juste qu’iels ne le savent pas. aux mâchoires déboîtées je préfère les tendinites, et je ne peux pas dresser ma bouche, elle ne sera jamais assez musclée pour cette cacophonie-là.

texte du premier exercice

Instagram : @florencerivieres

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Langue de lutte

Les textes de ce blog ont été créés lors d’ateliers d’écriture, en non mixité queer et féministe. Plus d’informations sur : www.facebook.com/languedelutte